La bijouterie Kéruzec-Méar est aujourd’hui tenue par Lucky Méar, artisan-joaillier-sertisseur et quatrième descendant de cette saga familiale qui dure depuis un siècle. En effet, son arrière-grand-père Jean Gourvès est revenu de la guerre de 14-18 avec une jambe en moins et sa prothèse n’a pas suffi à lui permettre de retrouver sa place d’agriculteur à la ferme parentale de Lampaul-Guimiliau. Il décide alors de se reconvertir comme horloger et en 1920, il s’installe au 4, rue de la Tour d’Auvergne (aujourd’hui Léti-Rose) et ajoute à son activité, la vente de lunettes qu’on teste en lisant le journal.
En 1926, Jean acquiert avec Hélène sa femme, deux maisons de l’autre côté de la place au 4, rue de l’Église et y installe sa famille et son magasin. C’est Annick, la cadette de leurs deux enfants qui s’investira a ses côtés après-guerre et innovera avec l’ouverture d’un rayon bijouterie. En 1965, les maisons sont rasées pour n’en faire plus qu’une et en 1976, quand Annick épousera Jean-Louis Kéruzec l’enseigne affichera les deux patronymes : horlogerie-bijouterie Keruzec-Gourvès.
Admiratif de son arrière-grand-père
Lucky Méar ne cache pas son admiration pour son arrière-grand-père : « Il a surmonté son handicap, développé de nouvelles compétences et a reconquis une place sociale loin d’un chemin tout tracé. Il a vraiment fait preuve de résilience. » Simone, la petite-fille de Jean et mère de Lucky, confirmera plus tard ce tempérament familial volontaire quand elle décidera de s’investir dans l’horlogerie. « Ma mère était particulièrement attachée à son grand-père et cela a sans doute participé à son choix mais entreprendre une formation en horlogerie dans les années 70, cela signifiait partir se former à Morteau, en Franche-Comté à l’autre bout de la France », raconte Lucky et d’ajouter avec un brin de fierté « Elle fut la première jeune femme en France à en être diplômée. Dans ce savoir-faire technique, sa sensibilité artistique percevait la dimension esthétique… », confie Lucky.
Du berceau à la bijouterie
À son retour à Landivisiau, Simone Kéruzec, devenue Méar, a deux fils mais la notion de transmission ne l’effleure pas. Chacun fera ce qu’il voudra. Mais, pour Lucky, le décor est planté : « Mon berceau était à l’étage. Dès que j’ai pu descendre, cet univers de l’horlogerie, de la bijouterie est devenu source de curiosités. Je jouais avec de vieux réveils. Les couleurs, les formes, les dessins de bijou m’attiraient et ma mère m’encourageait. » Et c’est ainsi que le moment venu, ses études l’orientent vers un CAP de bijoutier, puis de joaillier suivi d’un Brevet des métiers d’art et d’une formation en sertissage.
Fier des femmes de sa famille
« Ce parcours m’a permis de satisfaire ma créativité. Aujourd’hui, pas plus que ma mère, je ne suis préoccupé par l’idée d’une transmission. Mes forces sont ailleurs. Je suis Landivisien, ma grand-mère décédée il y a deux ans et que je considère comme la fondatrice, reste très présente en moi, même si j’ai encore du mal à en parler. La fierté que j’ai des femmes de la famille contribue à me faire avancer vers ce qui m’anime profondément : la création de bijoux, les tableaux que je peins. Et puis, avec les réseaux sociaux, le monde est à portée d’un clic, alors oui, tout va bien », conclut Lucky.
Pratique
https://atelier-joaillerie.fr/
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