New York, ce 26 avril 2023. La fête, spectaculaire, où l’on croisera Pharrell Williams, Florence Pugh, Zico et Katy Perry – est prévue pour le lendemain. Mais en petit matin (il n’est pas encore 8 heures), au croisement de la 5ème avenue et de la 57ème rue, à un block de Central Park, les photographes et les cameramen attendent déjà devant l’immeuble qu’occupe le joaillier Tiffany depuis plus de quatre-vingt ans. Une bâtisse entière, qu’on aurait appelé, il y a encore vingt ans, flagship, ces vaisseaux amiral à multi-étages que les grands noms du luxe faisait grimper dans le ciel de Tokyo, Los Angeles, Shanghaï…
Des expériences inédites sur 10 000m2
Vingt ans plus tard, Tiffany créée un nouveau substantif dans la nomenclature du milieu : landmark. Et même : The Landmark Building, pour mieux comprendre qu’il ne peut y en avoir un. Mais un quoi? Pour la ville de New York, il s’agit de bâtiments à caractère historique, qui méritent d’être préservés – pensez par exemple au Chrysler Building, à l’Empire State Building, au Rockfeller Center. Et désormais, pour ce qui a l’allure d’un palais Tiffany, dont le ruban est coupé, sous les flashs, par la comédienne Gal Gadot. Quatre ans de chantier, rien de moins, auront été nécessaires pour donner corps ce à ce qu’Alexandre Arnault, directeur exécutif de la maison américaine, décrit comme « une nouvelle expérience, inédite, où les produits, l’héritage, l’art, la restauration, l’univers de la maison sont entremêlés dans ce temple de 10 000 mètres carrés, sur dix étages, entre espaces de vente, d’exposition, salons VIP… C’est assez inouï : c’est le seul espace où vous pourrez expérimenter tous les univers de Tiffany. » Remarquons au passage qu’il s’agit là du plus grand espace de ce type au monde… Et que le célébrissime Tiffany Diamond, remonté pour l’occasion sur un nouveau collier, trône majestueusement dans une des vitrines donnant sur Fifth Avenue.
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© Fournis par Vanity Fair Tiffany & Co. Celebrates Reopening of NYC Flagship Store, The Landmark Neil Rasmus/BFA.com
Une architecture indémodablement contemporaine
De l’extérieur, rien n’a changé. « La façade en elle-même est une signature », explique le jeune dirigeant au sujet de cette grande bâtisse habillée de calcaire et de granit, qui figure dans le top 10 des endroits les plus visités de Big Apple. Des générations de New Yorkais, qu’ils soient résidents ou de passage, sont passés sous l’horloge sculpturale portée par la figure d’Atlas, la plus ancienne de New York, qui a suivi Tiffany depuis son installation en 1853 sur Broadway et ornait, jusque-là, le « Tiffany Building », un palazzo d’inspiration vénitienne située à une vingtaine de blocks plus au sud. D’allure « moderne, mais pas extrême » (d’après les documents officiels déposés à la fin des années 1930), la nouvelle adresse, confiée alors aux architectes Cross & Cross, fait l’objet de toutes les attentions. Comme en rend compte le New York Times, on s’esbaudit alors devant son rez-de-chaussée d’un seul tenant, sans colonnes ni pilastres, son éclairage intérieur, son système de climatisation et ses vitrines – rendues plus tard célèbres par les créations de Gene Moore, ses septs ascenceurs, ses salons privés…
« Les riches ne descendaient plus en dessous de la 57ème », m’a expliqué Judy Price, la présidente du National Jewelery Institute. Audrey Hepburn, en robe noire et colliers de perles, mangeant un croissant devant les vitrines à la levée du jour dans le film Breakfast at Tiffany’s (1961), tiré du roman éponyme de Truman Capote, assurera une promotion inespérée à cette adresse qui, pour la spécialiste américaine, « représente l’idée même du luxe pour l’Amérique. Dans un pays où tout va vite, il y a ici quelque chose de stable, de rassurant, de démocratique : on peut y acheter des diamants comme du papier à lettres. Et des bagues, bien sûr. Tiffany, c’est la cheminée sur laquelle tous les fiancées américaines viennent se réchauffer les mains », sourit celle qui a organisé elle-même des… breakfasts chez Tiffany, autour de trois écrans de télé repassant la scène en boucle et du mobilier chiné par Steve Greenberg, imprésario de la nuit et passionné par l’ébéniste Rhulmann. Et ce n’est pas l’élégante Lauren Santo Domingo, désormais maîtresse du sixième étage consacré à l’art de vivre, qui dira le contraire : « De la cuillère en argent que j’ai reçue à ma naissance à ma première communion, en passant par mes sweet sixteen, mon 21e anniversaire, les diplômes du lycée et de l’université, et enfin nos alliances de mariage… c’est en passant chez Tiffany que les moments importants sont reconnus dans ma famille. »
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© Fournis par Vanity Fair Les pièces de joaillerie sont présentées sous un lustre inspiré par l’une des créations historiques de Jean Schlumberger.
Un chef français et du rose Tiffany
Aujourd’hui, c’est le chef-star (et français) Daniel Boulud qui veille, dans le nouveau restaurant, sur des petits déjeuners d’un nouveau genre, sur les déjeuners, les dîners pour célébrités et VVIC (Very, Very Important Clients) organisés dans l’appartement privé de 1000 mètres carrés, flottant au-dessus des immeubles environnants. Des plus hauts des dix étages, la vue est à couper le souffle sur Central Park, en particulier depuis le cube de verre conçu par OMA, l’agence d’architecture de Shohei Shigematsu. À l’intérieur, tout change comme ça n’avait jamais été le cas depuis quatre-vingt trois ans. Peter Marino, l’architecte d’intérieur connu aussi bien pour ses collaborations avec Dior et Chanel que son look tout cuir noir qui a imaginé l’escalier monumental, les espaces multipliant les courbes et les volutes, les salons dédiés aux créations de Jean Schlumberger, Elsa Peretti et Paloma Picasso, les pièces d’archives, les collaborations… Et même ressuscité une trouvaille d’archive : un rose tendre, quasi pêche, utilisé dans les années 1940 par Tiffany. Les artistes proches du joaillier sont également à l’honneur à travers le salon décoré par Damian Hirst, et une quarantaine d’œuvres signées Jean-Michel Basquiat, Molly Hatch, Julian Schnabel et Rashid Johnson – sans oublier une dizaine des fameuses lampes de Louis Comfort Tiffany, icônes du design américain.
Deux cent, comme deux cent millions de dollars
Au rez-de-chaussée, l’espace, d’un seul tenant, est entièrement habillé d’écrans projetant la skyline de New York, sur laquelle prennent leur envol les Birds on the Rock de Jean Schlumberger. L’éclairage y est toujours au meilleur, grâce à un sculpture de cristal de plusieurs tonnes dont la lumière est toujours celle de midi, faisant ainsi oublier les aléas de la météo de Big Apple. Au fond sous le tableau de Basquiat datant de 1982, les ascenseurs emmènent vers tous les univers de Tiffany : les bagues de fiançailles, la joaillerie bien sûr, les salons privés (avec vues fantastiques sur Manhattan). Passé, présent, futur? « Ce magasin, croyez-moi, c’est le début d’une aventure à long terme. Je ne sais pas où en sera Tiffany dans dix ans, mais la vision est à long terme », promet Judy Price. Quant à Alexandre Arnault, il tient – aussi – à garder ce qui fait la singularité de Tiffany : son esprit d’ouverture, typiquement américain. « C’est dans l’ADN de la maison, probablement la seule dont vous poussiez la porte que vous ayez deux cents, deux mille, ou deux cent millions de dollars… »
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© Fournis par Vanity Fair A l’intérieur, les bouquets de fleurs sont aussi monumentaux que e bâtiment lui-même. BFA/Neil Rasmus
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