Bijoux : entre Napoléon, Joséphine et Chaumet… une longue histoire

Bijoux : entre Napoléon, Joséphine et Chaumet… une longue histoire
Bijoux : entre Napoléon, Joséphine et Chaumet… une longue histoire

Deux siècles d’histoire éclairent la production du joaillier Chaumet. C’est pourtant une période très précise de son odyssée (qui a commencé sous l’Ancien Régime) que la maison met systématiquement en avant dans ses nouvelles collections : l’Empire. Cette mise en lumière a plusieurs significations. La plus évidente concerne la volonté légitime du joaillier de rappeler l’étendue de son histoire et l’éclat de ses fondations. La fortune de la famille Nitot (fondatrice de la dynastie de joailliers connue aujourd’hui sous le nom de Chaumet, NDLR) est en effet intimement liée à celle de l’épopée napoléonienne. Cette prospérité commerciale et artistique, bien documentée, s’est exprimée tout d’abord par de puissantes protections, au premier plan desquelles figure celle de Joséphine de Beauharnais. On sait qu’à partir de 1809, les Nitot obtiennent, outre le titre de joaillier ordinaire de l’impératrice, le titre de joaillier du roi et de la reine de Westphalie. On sait également que Marie-Étienne Nitot et son fils François-Régnault travaillent de manière presque exclusive pour la maison de l’Empereur à partir de 1810. Des bracelets acrostiches, des bracelets-montres, des épingles de cravate ou des insignes de dignitaires développant le profil d’un aigle, des parures aux camées de malachite ou aux intailles de cornaline, des bijoux de tête – tous précieusement conservés dans des collections privées ou au sein de la collection Chaumet – nous rappellent le faste et la créativité de cet apogée.

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Sous le faste, la fidélité

On connaît moins en revanche la fidélité totale des Nitot à Napoléon. Il est intéressant de noter que dès la Première Restauration, la duchesse d’Angoulême choisit de faire appel aux joailliers Gibert et Menière tandis que Nitot fils, après avoir livré sa dernière commande (des boîtes en or et quelques bijoux) le 15 juin 1815, se retire prématurément, à l’âge de 35 ans. Un retrait non imposé puisque d’autres fournisseurs de l’Empereur, comme Jacob-Desmalter ou Biennais, poursuivent sans difficulté leurs activités. Il est tout aussi éclairant d’apprendre que Louis-Napoléon Bonaparte, prisonnier au fort de Ham, écrit à la fin de 1844 au journaliste Arsène Peauger (chargé de trouver de nouveaux soutiens au futur Napoléon III) : « Tachez de faire la connaissance de M. Nitot, ancien joaillier de l’empereur. Je ne le connais pas, mais je sais qu’il est resté napoléoniste. » Acquis par la famille Nitot en 1811, l’hôtel de Gramont (qui héberge aujourd’hui le Ritz) reste par ailleurs, jusqu’à sa cession à la Société générale du Crédit immobilier en 1853, un important foyer bonapartiste.

Les souvenirs de ces liens privilégiés sont convoqués dans les nouvelles productions du joaillier. Présentées en mai dernier, les créations Bee my Love (Bee signifie abeilles en anglais, NDLR) égrènent des propositions de bijoux contemporains – créoles XXL, puces d’oreilles et broches figuratives, manchette ajourée, colliers articulés, bagues bandeaux, pendentif au porter « cravate » – qui exaltent, souvent grâce au poli miroir, la beauté organique d’alvéoles en or rose ou blanc, parfois parsemées de diamants « Taille Impératrice » à 88 facettes. Les dernières variations de la collection Joséphine, dévoilées cet automne, sollicitent quant à elles un répertoire de formes – la taille poire, le V d’une aigrette, le Toi et Moi – qui rendent hommage, dans un savant jeu de lumière et de contraste, au goût et à la personnalité de l’impératrice. La récente collaboration de la maison avec le parfumeur Guerlain se manifeste enfin par une réinterprétation grandiose et luxueuse du célèbre Flacon aux Abeilles créé pour l’impératrice Eugénie.

Et Napoléon choisit l’abeille en guise d’emblème

Des motifs et des figures soigneusement choisis. En cherchant les armes symboliques de son nouvel empire, après avoir écarté le coq gaulois (trop « animal de basse-cour ») et le lion au repos, Napoléon choisissait « l’aigle déployé » qui rappelait l’ancien insigne des légions romaines et l’aigle d’or de Charlemagne (et de divers membres du Saint Empire). Il choisissait aussi, et c’est plus inattendu, les abeilles : elles apparaissaient, brodées en or, sur son manteau d’apparat de velours pourpre. On a souvent dit que leurs silhouettes stylisées prenaient la forme d’une fleur de lys, ce qui faisait de l’empereur un héritier de la royauté capétienne. Le compte rendu du Conseil d’État tenu à Saint-Cloud au mois de juin 1804 rapporte en effet que les abeilles furent adoptées sur une suggestion de Cambacérès. Les historiens, dont Geneviève Bührer-Thierry et Charles Mériaux, mentionnent désormais le rôle essentiel joué par Vivant Denon, alors directeur du Louvre. C’est lui en effet qui s’inspira pour le dessin final des bijoux du trésor de Childéric, découvert en 1693 à l’occasion de travaux de reconstruction de l’hospice Saint-Brice à Tournai. Dans ce trésor, remis tout d’abord à l’archiduc des Pays-Bas avant d’être emporté à Vienne, figuraient des pièces de monnaie avec des insectes identifiés par le chanoine Chifflet comme des abeilles. En choisissant ce motif – qui rattachait Napoléon non seulement aux Bourbons mais aussi aux Mérovingiens –, Chaumet dit son aptitude à extraire des symboles qui traversent la trame de l’histoire et de ses dynasties pour mieux illustrer l’attrait des personnalités individuelles.

Enfin, en mettant en lumière Joséphine qui a été sacrifiée à la raison d’État plutôt que la seconde épouse de l’empereur – c’est-à-dire Marie-Louise, mère du roi de Rome, nièce de Marie-Antoinette et représentante de la maison, huit fois centenaire, de Habsbourg –, Chaumet marque ostensiblement son affection et sa préférence pour une protectrice (la sienne et celui de l’empereur) dont l’amour a coïncidé avec une ascension, au détriment d’une héritière, pourtant prestigieuse, qui a symbolisé le déclin. Fruit d’un savant calcul politique, le mariage, ciselé comme un piège en coulisses par Metternich et Talleyrand, du souverain français avec la fille de son principal adversaire a en effet précipité la chute de l’Empire. Joséphine était-elle au fond le talisman secret de Napoléon ? La distinction, chez Chaumet, est une affaire subtile qui, décidément, ne concerne pas que les mérites de la naissance.

L’Esprit de Chaumet – Édition Thames & Hudson, 75 euros. Disponible à partir du 23 novembre prochain, L’esprit de Chaumet, explore sous la plume experte de Gabrielle de Montmorin les coulisses d’une maison fondée il y a plus de 240 ans.


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