Longtemps, Elie Top a évolué très à son aise sur le territoire du bijou fantaisie. Le designer autodidacte a imaginé, dans les années 2000, pour Lanvin, des colliers extravagants ou des assemblages sophistiqués de perles et de cristaux. Mais cela n’allait pas sans contraintes ni inconvénients : « Poids, volume, qualité médiocre du métal, absence de soudure… », liste-t-il. Il n’y a pas totalement renoncé. Il a signé à l’automne une collection capsule solaire, en laiton, pour Zara, mais se réjouit désormais de travailler avec de l’or et des gemmes plus nobles, réservés aux joailliers. Ses serpents ont par exemple des yeux en saphirs jaunes et, en guise de langue fourchue, un rubis ou une émeraude, taillés en poire. « Le précieux m’a libéré. Il m’a autorisé à être vraiment moi », explique-t-il aujourd’hui.
Registre trivial ou raffiné, basique ou luxueux… Elie Top, 46 ans, navigue avec grâce sur un vaste répertoire. Début juillet, pour répondre aux attentes de sa clientèle, qu’il reçoit sur rendez-vous à Paris, il a dévoilé un ensemble de sept bijoux, baptisé Twist et construit autour de maillons torsadés, ainsi que des « petits plaisirs » épars : ses serpents, donc, un pendentif en forme d’épée façon Excalibur ou des chevalières majestueuses, sertis de pierres précieuses (de 18 000 à plus de 90 000 euros l’unité).
Avec ses faux airs de prince Albert de Saxe-Cobourg-Gotha, sa fine moustache, son port altier et son œil canaille à la Helmut Berger, le créateur se souvient avoir toujours porté « du classique » – chemise, pantalon, souliers, cravate, ou nœud papillon pour les grands soirs. Chez Saint Laurent, où il a débuté comme second assistant dans les années 1990, il n’est pas passé inaperçu. Yves Saint Laurent n’avait-il pas un jour glissé à Anne-Marie Muñoz, la directrice du studio : « Vous savez, Elie n’est pas obligé de venir habillé comme ça tous les jours, il peut aussi porter un sweater ! » ? Quinze ans après la mort de « Dieu », la phrase provoque encore chez Elie Top un éclat de rire, sonore et communicatif. La presse, qui connaît son penchant pour les mondanités, adore le qualifier de « dandy » ? « Pfff, ce mot est tellement galvaudé, rétorque-t-il. Je ne pense pas l’être, selon la définition du XIXe siècle : je ne suis ni cynique, ni neurasthénique, ni détaché. La vie ne vous laisse pas le loisir d’être un dandy. »
La compagnie des fantômes
Il ne faut d’ailleurs pas se fier aux apparences. Son enfance s’est passée à Isbergues, dans le Pas-de-Calais. L’usine sidérurgique où travaillent « la plupart des membres » de sa famille ; des pavillons en brique rouge ; « les vaches au fond du jardin ». Il passe des heures en solitaire à tracer méticuleusement sur des feuilles blanches, au crayon à papier et à la règle, des dessins foisonnants. « Je mélangeais tout ce que j’aimais dans les livres d’histoire dans une sorte de faux [château de] Linderhof », la villa rococo de Louis II de Bavière, raconte-t-il en montrant quelques archives. Palais majestueux, églises gothiques et jardins à la française y côtoient des statues romaines. « Moi qui voulais tant fuir mon village pour Paris, je réalise aujourd’hui que quelque chose vient de là : le travail du métal, les jeux de construction, une certaine rugosité. Un jour, j’étais à mon bureau, rue Saint-Honoré, en train de faire mes dessins préparatoires à la main, pour un bijou : je me suis revu dans la même situation, dans une superposition très proustienne de moi-même, à l’âge de 9 ans, penché sur ma feuille en train d’esquisser un château… »
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