Après chaque crise politique, historique et humaine, la nature revient spontanément sur le devant de la scène des arts décoratifs. Cette inclinaison, qui a fourni tant de tics de langage (« la nature reprend ses droits ») est en tout cas à l’?uvre dans la joaillerie.
Dès la fin de la Seconde Guerre mondiale, les joailliers abandonnent les formes abstraites célébrant le « machinisme » pour ciseler, dans l’or jaune et solaire, de capricieux treillages faisant prospérer l’immense diversité de la flore et de la faune terrestre ou marine. Les courbes ne font plus alors écho aux roulements à billes ou aux rouages mécaniques d’une chenille de char, mais évoquent davantage la valve rainurée d’un mollusque à coquille, d’origine immémoriale et préservé de toute histoire humaine.
Cette atmosphère rousseauiste, qui annonce Woodstock, imprègne la collection de bijoux ayant appartenu à la famille Wolf. Cette cassette ainsi qu’un ensemble considérable d’?uvres et d’objets incarnant la fine fleur des arts décoratifs et de l’artisanat américain à travers les âges, de l’ère coloniale au mouvement art & crafts ? sculptures en bronze amérindiennes, bureau en acajou Kneehole période George III fabriqué à Newport dans le Rhode Island, luminaire monumental « Turtle-Back and Lily » de Louis Comfort Tiffany ?, seront dispersés par Sotheby’s le 20 avril prochain à New York.
© Fournis par Le Point
Un abrégé du rêve américain. Erwin Wolf (né dans le Woyming) et Joyce Mendel (qui a grandi à Brooklyn) ont éprouvé un coup de foudre réciproque aux débuts des années 1950. Quinze jours après leur première rencontre, ils unissaient pour toujours leurs destinées. Ce mariage qui a duré 66 ans s’est déroulé sous le signe de la prospérité ? grâce au pétrole et au bétail ?, mais aussi de l’amour de l’art made in USA. « Mes parents n’ont pas eu à se tourner vers d’autres pays. Leur collection résume l’histoire et le talent de l’Amérique », indique leur fils Mathew sur le site de la maison de ventes.
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Le serti mystérieux à l’honneur
Cette préférence s’exprimait également dans la joaillerie. Un poudrier « compact » en or, turquoise et diamant, dessiné par Jean Schlumberger pour Tiffany & Co., brille dans cette collection aux côtés de broches conçues par le joaillier new-yorkais David Webb. La signature Harry Winston côtoie celle d’Oscar Heyman & Brothers. Le couple cédait parfois aux sirènes de maisons françaises, triées sur le volet : principalement celles dont les branches new-yorkaises Arpels constituaient des entités quasi indépendantes. Point commun entre les bijoux : la nature. Elle est représentée sous toutes ses formes, végétale ou animale, toujours sous un prisme poétique et bienveillant : les fleurs sont dénuées d’épines, les plumes caressantes, les fruits comestibles, les animaux sauvages, libres mais non hostiles. Aux panthères féroces de Cartier tant prisées par l’aristocratie européenne, le couple de collectionneurs américains préférait visiblement le léopard espiègle et joueur de Van Cleef & Arpels.Cette dernière maison se taille précisément la part du lion. « Je n’ai jamais vu autant de bijoux sertis mystérieux rassemblés au sein d’une seule collection », s’enthousiasme Franck Everett, premier vice-président et directeur des ventes de Sotheby’s. Cette technique brevetée par la maison française désigne un sertissage de pierres précieuses sans griffe ni aucun métal apparent. La technique est si complexe que la taille de chaque pierre peut demander jusqu’à 8 heures de travail. Le prix est à la hauteur de cette prouesse joaillière. Une somptueuse broche constellée de rubis, exécutée dans les années 1960, devrait largement dépasser l’estimation haute fixée à 600 000 dollars. Le goût de la virtuosité s’apparente chez les collectionneurs à une seconde nature.
Exceptional Jewels : The Wolf Family Collection, Sotheby’s New York, le 23 avril 2023.
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