© DR Bulgari, Sotheby’s
Il est bien rare que l’on connaisse, même confusément, le prix des parures de haute joaillerie qui incendient les tapis rouges. Généralement, ces pièces uniques appartiennent à une maison qui veille, comme le lait sur le feu, à préserver une absolue confidentialité. Pourtant, le 1er mai dernier, durant la soirée du Met Ball (un gala annuel de collecte de fonds au profit de l’Anna Wintour Costume Center du Metropolitan Museum of Art de New York), un collier Bulgari a mis à la disposition du spectateur de nouvelles clés de lecture.
Cette pièce unique et inédite ? fraîchement sortie des ateliers et empruntant ses motifs aux couronnes de laurier qui distinguaient sous l’Empire romain les triomphateurs ? avait deux particularités. La première était de faire briller sur la poitrine de l’actrice Priyanka Chopra Jonas un diamant bleu de 11,16 carats. La deuxième était liée au prix de cette pierre, clairement estimable. Un prix communiqué par le joaillier italien ? Non, par Sotheby’s, qui va livrer au plus offrant cette gemme d’exception dans les jours à venir.
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Petit retour en arrière. Les amateurs éclairés connaissaient ce diamant : il est en effet présenté sur le site de la maison de vente depuis quelques semaines. Seule différence : la pierre est montée sur une bague, elle aussi signée Bulgari, datant des années 1970. L’estimation affichée dans le communiqué : plus de 25 millions de dollars, soit le prix le plus élevé jamais affiché pour un joyau Bulgari sur le marché des ventes. Et, accessoirement, le prix le plus élevé, à notre connaissance, pour un bijou présenté lors du gala new-yorkais. Que s’est-il passé entre la présentation de la pierre sur le site de Sotheby’s et l’apparition de cette même pierre, sertie sur une monture différente, lors de la soirée mondaine la plus photographiée de la planète ?
« Il est rare d’avoir des diamants bleus qui dépassent les 10 carats », explique l’experte Marie-Cécile Cisamolo, commissaire-priseuse chez Sotheby’s. Plus rare encore d’avoir une pierre dont la couleur est aussi vive : à l’?il nu, le diamant semble être ciselé dans l’azur et l’océan. Sa provenance éclaire la spécificité de la gemme puisqu’elle a été achetée par les frères Bulgari dans les années 1970. Ils étaient, comme on le sait, réputés pour leur sens de la couleur, leur goût de l’allégresse et leur science des gemmes. Une osmose parfaite s’était réalisée entre la maison romaine et le glamour hollywoodien. La bague et le diamant sont restés dans la même famille, en Europe, durant un demi-siècle. Ce qui est intéressant ici, c’est le fait que la forme en poire, inchangée et effectuée selon les normes de l’époque, peut vraisemblablement être améliorée grâce aux progrès effectués dans l’art de la taille. » Traduction : cela signifie, puisque la qualité de la taille exalte l’intensité de la couleur, qu’il y a une possibilité d’augmenter substantiellement le prix de la pierre dans les années à venir.
Le prix des diamants de couleur en forte progression
Le prix, donc. La maison de vente en parle en toute transparence. « On est clairement au-dessus de 2 millions le carat. Une somme que seuls 23 diamants de couleur ont dépassée chez nous depuis 2015. » Un montant pulvérisé en novembre 2022 par le diamant Williamson Pink Star : la pierre rose de 11,15 carats, d’une pureté sans faille, avait atteint le chiffre record de 57,7 millions de dollars, soit plus de 5 millions par carat. Pour les diamants bleus, le record par carat est toujours détenu par le Blue Moon of Joséphine, de 12,03 carats, cédé à Genève en novembre 2015 pour 48,46 millions de dollars, soit plus de 4 millions par carat, au magnat de l’immobilier hongkongais Joseph Lau, qui a offert la pierre à sa fille Joséphine.
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« L’engouement pour les diamants de couleur est relativement récent. Tout s’est vraiment précipité en 2007, quand un diamant Fancy Vivid Blue de 6,04 carats a dépassé le seuil symbolique de 1 million de dollars par carat. » Le précédent record avait été enregistré 20 ans auparavant avec le fameux Hancock Red, dont la valeur doit être inestimable aujourd’hui. Désormais, on dépasse un palier tous les cinq ans. Le Josie Blue, une pierre de 9,75 carats issue de la cassette de « Bully » Mellon, célèbre horticultrice et collectionneuse d’art américaine, s’est ainsi envolé pour plus de 3,3 millions par carat en 2014.
Une opération inédite
C’est à la lumière de ces chiffres étourdissants et de cette progression tout aussi éblouissante que la collaboration entre les deux institutions doit être comprise. « Nous avons sollicité Bulgari pour nous aider à mettre en lumière cette merveille minéralogique. C’était une occasion inespérée de communiquer sur le patrimoine de la maison auprès du grand public tout en expliquant avec pédagogie, aux amateurs actuels ou à venir, la valeur intrinsèque du joyau. » Le gala du Met était effectivement l’occasion appropriée. Pour pouvoir mieux mettre en exergue la pierre, un collier a été spécialement créé pour Priyanka Chopra Jonas. Une question de bon sens. « Un collier se voit mieux qu’une bague sur des photos conçues pour être vues sur les réseaux sociaux », concède la commissaire-priseuse. Cette donnée inattendue explique peut-être, entre parenthèses, l’attrait nouveau des stars pour les broches.
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Cette opération est, dans tous les cas, totalement inédite : les joailliers et les maisons de vente aux enchères avaient plutôt tendance à se concurrencer ces dernières saisons, les joailliers proposant eux-mêmes leurs créations patrimoniales au sein de leur boutique. Opération inédite pour résultat exceptionnel puisqu’il conjugue spectacle grand public et éclairage destiné aux personnes averties. Admirée par le globe entier et abondamment filmée, la parure sertie du diamant bleu a été likée par plusieurs millions de followers sur les posts Instagram de l’actrice tandis que l’attention des collectionneurs ? qui seront sursollicités dans les semaines à venir ? était doublement mobilisée par le prestige de la vente Sotheby’s (qui dévoile plusieurs pierres exceptionnelles à Genève mais également à New York le 8 juin prochain) et l’attrait de l’événement piloté par Anna Wintour. Pour rappel, la saison de présentation des collections de haute joaillerie, qui entraînera les acheteurs potentiels dans une myriade de voyages aux quatre coins de l’Europe, débute traditionnellement au mois de mai. Cette année, par un heureux hasard du calendrier, Bulgari ouvrira ce bal des présentations en Italie, quasiment aux mêmes dates que la Sotheby’s Geneva Luxury Week. Que ce soit à New York, à Genève ou à Venise, les collectionneurs seront donc certains d’avoir croisé au moins une fois le Bulgari Laguna Blu durant leur Grand Tour. Du grand art.
Sotheby’s Geneva Luxury Week. À partir du 11 mai 2023.
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