Leur profession a longtemps été nimbée de mystère. On ne connaissait pas leurs visages, certains taisaient – et taisent encore – leurs noms pour des raisons évidentes de sécurité. L’intitulé de leur métier fluctuait lui aussi au gré des décennies et des organigrammes : celui-ci était « directeur des acquisitions de gemme », celui-là « expert acheteur pierres ». Désormais, un certain consensus semble s’être établi autour du mot « gemmologue (en chef) ». Ces gemmologues ne parlent pas tous d’une même voix et ne suivent pas les mêmes règles mais leur mission est la même : trouver et acheter les pierres fines et précieuses qui illumineront les créations du joaillier.
Grande nouveauté de ces dernières années, les maisons de joaillerie ont décidé, non seulement de ne plus cacher le rôle essentiel de leurs chercheurs de pierres mais aussi de les mettre ostensiblement en avant. L’avantage est double puisque le gemmologue peut satisfaire un besoin de transparence réclamé par notre époque tout en combattant les idées reçues.
Première idée reçue : l’âge de ces professionnels. Il y a tout juste dix ans, Alexis Coin entrait au lycée professionnel Jean-Guehenno à Saint-Amand-Montrond (18) pour y obtenir son brevet des Métiers d’arts en bijouterie et joaillerie. Un choix avisé puisque le jeune passionné de pierres est, depuis 2020, l’expert gemmologue de la maison Gemmyo dont il assure également la direction de la production et le développement du design-produit. Ce label joaillier, fondé il y a dix ans par Pauline Laigneau et son conjoint, Charif Debs, impressionne les professionnels du secteur par son hypercroissance qui s’appuie volontiers sur les ressources offertes par les nouvelles technologies.
« Mon père qui était ingénieur a été surpris du fait que je veuille me tourner vers un CAP pour être ouvrier joaillier. Il avait un peu peur. Il faut dire que les métiers manuels n’avaient pas forcément bonne presse. Je pense et j’espère que ça va changer un peu, car c’est un secteur pourvoyeur d’emplois qui offrent de superbes possibilités d’épanouissement. » Une vocation précoce pour Alexis Coin ? « J’avais fait un stage en classe troisième chez un joaillier à Vichy et j’avais été ébloui. Les Olympiades des métiers m’avaient ensuite orienté vers le bon établissement. »
L’attrait inédit du client pour les pierres polychromes
Deuxième idée reçue : le fonctionnement clos, dynastique et inaccessible du secteur de la joaillerie. « Ce métier s’est beaucoup ouvert. Il y a très peu de fils de joailliers ou d’orfèvres dans la profession finalement. Gemmyo, par exemple, m’a donné ma chance alors que j’étais très jeune tout en me permettant d’apporter de nouvelles idées, en termes de pierres notamment. » Jeune mais expérimenté. « Après mon CAP en joaillerie, j’ai orienté mes études vers la gemmologie. J’ai choisi l’École internationale de gemmologie de Monaco, car c’était la seule qui, à l’époque, proposait d’aller à la source, c’est-à-dire en Thaïlande, au Sri Lanka et à Madagascar. C’est essentiel pour comprendre les spécificités de la pierre mais aussi l’environnement géopolitique et la culture qui encadrent son achat. Cela permet aussi de désacraliser certaines provenances, dont le prestige repose sur des critères qui ne sont pas uniquement minéralogiques. Il y a des cristallisations en Afrique qui donnent des couleurs très similaires à la Birmanie, par exemple. Ces gisements proviennent de la même couche géologique. »
À LIRE AUSSI Connaissez-vous les saphirs d’Auvergne ? Autre ligne décisive du CV : le contact permanent avec le client. « J’ai débuté à 21 ans comme conseiller de vente chez Gemmyo. Cette maison, très dynamique, incarnait pour moi le renouveau de la joaillerie. Aujourd’hui, je demande encore à aller en boutique. Parce que les goûts et les modes évoluent sans même parler des sensibilités liées aux différentes cultures. » Cette proximité a donné de beaux fruits ces dernières années. Gemmyo a, par exemple, été l’une des premières maisons à proposer du saphir vert : la gemme, autrefois peu prisée (sa couleur singulière est nécessairement galvanisée par un procédé artisanal ancestral qui consiste à chauffer la pierre), est désormais plébiscitée, succès commercial oblige, par de nombreux labels.
« On s’est rendu compte que notre clientèle réclamait des couleurs intermédiaires, des entre-deux. Le bleu gris, par exemple. C’est ce qui nous a donné envie de miser sur le saphir Teal qui est une combinaison, changeante en fonction de la lumière, de bleu et de vert. » Cet adjectif, récent en gemmologie (on parlait plus volontiers de saphir indigo il y a une dizaine d’années) désigne cette couleur si caractéristique qui agrémente le plumage du canard sarcelle.
Une demande importante pour les pierres polychromes
« Nos équipes, plutôt jeunes, ne viennent pas forcément du monde de la joaillerie ce qui nous permet de ne pas nous arrêter à des codes a priori immuables et d’être dynamiques dans nos propositions. Nous avons structuré notre identité autour d’un panel de couleurs et d’un niveau de qualité qui supposent des recherches importantes, notamment en ce qui concerne l’approvisionnement en pierres. Je pensais néanmoins qu’il serait impossible de constituer un assortiment suffisant pour élaborer une collection complète en saphir Teal. Les tris à effectuer étaient vraiment conséquents. »
L’importance de la demande a dissipé les appréhensions. « On s’est retroussé les manches, j’ai lancé des appels à nos partenaires qui ont sourcé du brut conforme à nos couleurs étalons. Nous avons ensuite fait retailler nos pierres pour les adapter à nos best-sellers. Le résultat était superbe : la pierre a la brillance du saphir et la couleur équilibrée d’un lac. » La qualité de la source d’approvisionnement, insiste le gemmologue, a été décisive dans le succès de l’opération. « La Tanzanie est un peu le Madagascar continental. Le sous-sol possède une diversité de pierres exceptionnelles, aux couleurs intenses. C’est un pays indépendant qu’il faut privilégier car il est très safe et n’est secoué par aucun conflit : une donnée importante quand on constitue un stock. » Amoureux des pierres, les gemmologues sont décidément de remarquables pédagogues et de merveilleux conteurs.
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