Au XXIe siècle, créer des bijoux de haute joaillerie qui ressemblent vraiment à des bijoux de haute joaillerie peut paraître subversif. Et choisir le thème éminemment culturel du Grand Tour, à une époque où les selfies tiennent lieu de carnet de voyage, ne manque pas de sel.
Avec cette collection baptisée « Le Grand Tour raconté par Van Cleef & Arpels », ce joaillier établi à Paris en 1906 et racheté au début des années 2000 par le groupe Richemont (qui possède également Cartier, Piaget, Buccellati, etc.) a placé la barre très haut.
Au risque d’ailleurs de désarçonner certains clients et journalistes d’ordinaire biberonnés aux discours et aux produits, parfois simplistes, du luxe contemporain.Le Grand Tour donc, ce voyage à la fois physique et intellectuel, qui commençait par la visite de Paris, était entrepris par les jeunes aristocrates européens afin d’élargir leur connaissance du monde tout en forgeant leur caractère.
Dès le XVIe siècle, les Anglais lancèrent cette pérégrination de deux ou trois ans dans les grandes villes d’Europe, principalement italiennes et dans les Alpes. C’était en somme le contrepoint d’une éducation trop livresque.
Des rubis birmans pour ce bracelet en or rose et diamants, dont les tons rappellent la façade du palais des Doges. © DR
« L’histoire du Grand Tour est fascinante, observe Nicolas Bos, P-DG de Van Cleef & Arpels. Popularisé aux XVIIIe et XIXe siècles, il devint un phénomène de société, culturel et artistique. Les voyageurs rapportaient de leur périple des souvenirs : porcelaines, reproductions de ruines antiques, intailles… Les résonances avec notre métier de joaillier sont nombreuses. C’est un temps long, il faut deux ans pour créer une collection de haute joaillerie. Le Grand Tour véhicule également l’héritage culturel de nos origines, l’Europe. C’est ce que nous avons voulu traduire dans les étapes qui scandent cet ensemble de soixante-dix pièces. »
Dans les jardins de la Villa Médicis à Rome, Van Cleef & Arpels a donné à voir sa vision hautement joaillière de Londres, Paris, des Alpes, Venise, Florence, Rome, Naples et Baden-Baden grâce à des parures riches, extrêmement ornementées, que le visiteur apercevait au travers de saynètes sises dans un labyrinthe de buis.
Escale antique avec ce bracelet bandeau en or rose, diamants, émeraudes et tsavorites. © DR
« Cette collection mêle les traditions de la joaillerie et des arts décoratifs avec cette idée de redécouvrir et de mélanger époques et cultures, poursuit Nicolas Bos. Pour cela, nous avons suivi la piste de nos prédécesseurs et choisi des étapes du Grand Tour historiquement renommées. Nous nous sommes inspirés de bijoux anciens, étrusques, médiévaux ou Renaissance, en les mariant avec notre propre patrimoine, notre style et nos savoir-faire. »
Entre le figuratif et l’abstrait
Sautoirs sculpturaux et boucles d’oreilles girandoles évoquant les bijoux Renaissance ; bracelets bandeaux reproduisant fidèlement des vues de monuments, à l’image des micromosaïques antiques chères au joaillier romain du XIXe siècle, Castellani ; clips composés de camées et d’intailles anciens ; gemmes évoquant l’eau des glaciers alpins ou celle des canaux vénitiens… Les références aux étapes choisies sont multiples, subtiles, oscillant entre le figuratif et l’abstrait.
En souvenir du Grand Tour, une amphore et une intaille en jaspe rouge sur un clip en or jaune, diamants et lapis-lazuli. © DR
Dans ce jeu de métonymies joaillières, que Van Cleef & Arpels pousse à son paroxysme, voici un collier « londonien » dont les lignes Art déco ceintes de diamants baguettes retiennent deux saphirs bleus de plus de 20 carats, chaque pierre rappelant la couleur céruléenne de la porcelaine de Wedgwood.
Virtuosité technique
Plus loin, une paire de pendants d’oreilles en or rose, diamants et rubellites fait écho au classicisme des lustres parisiens du siècle des Lumières. Pour symboliser Venise, le joaillier a semé un somptueux appairage de 32 carats de rubis ovales birmans, provenant d’un stock ancien, sur un collier dont les arches endiamantées figurent les ponts de la cité lacustre. À Florence, Van Cleef & Arpels met en lumière le travail de l’or des Étrusques au travers de chevrons d’or rose soutenant une ribambelle de neuf rubellites qui totalisent 110 carats.
Il y a aussi ce plastron exubérant, d’inspiration napolitaine, où le métal noble, conjugué dans ses trois couleurs, est transformé en une couronne de cou bruissant de mille fleurs où vibre une morganite de près de 80 carats d’un rose enjôleur. À chaque étape, les sautoirs à géométrie variable expriment la virtuosité technique du joaillier et de son goût très sûr dans le choix et l’agencement des pierres.
La quintessence de la haute joaillerie française
En témoigne ce collier à six rangs de 1 070 boules d’émeraudes de Colombie qui se termine par une émeraude gravée de 57 carats. Ou encore cette longue chaîne mariant, de façon presque baroque, des cabochons et des pampilles godronnées de corail peau d’ange, perles blanches, onyx noirs et une rubellite purpurine de près de 60 carats.
Même savoir-faire dans les bracelets bandeaux qui offrent un panoramique sans jour apparent de la vue qu’ils reproduisent, qu’ils soient posés à plat ou portés sur le poignet. Face à ce Grand Tour qui, somme toute, exprime la quintessence de la haute joaillerie française, les clients ne s’y sont pas trompés. En trois jours à peine, les trois quarts des modèles ont été vendus.
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